Petit homme mange nature

Avec l'accord des parents qui en font eux-mêmes l'expérience, cet enfant a été placé dans un environnement alimentaire dépourvu d'aliments préparés mais composé exclusivement d'aliments tels que la nature nous les offre : fruits, légumes, graines, algues, miels, protéines brutes, etc.

 

Les parents convaincus de l'utilité de cette expérience se sont mis eux-mêmes dans les bonnes conditions. C'est un élément essentiel de l'éducation : nul ne peut transmettre un comportement alimentaire qu'il n'a pas lui-même.

 

Ainsi, l'enfant a vu les parents sentir les aliments nature ; ils l'ont initié à sentir à son tour. Pour nous adultes, sentir revient à se passer les aliments sous le nez et à les humer. Pour l'enfant, l'odorat est intact : il peut aussi sentir à distance.

 

Il nous fallait donc être attentifs à ses manifestations et aussi apprendre à les déchiffrer correctement. Au début, cela peut être déconcertant mais on parvient assez vite à déceler les signes d'agrément parmi la neutralité le plus souvent affichée et parfois la répulsion.

 

En cas de doute, on peut proposer des petits morceaux à l'introduction en bouche : si le corps n'agrée pas, un rejet se manifeste aussitôt soit par une sortie de travers soit par une régurgitation. Le corps a son langage propre.

 

 

Le silence verbal dans cette petite vidéo qui représente un extrait sur les vingt cinq minutes qu'a duré le repas de l'enfant n'est pas voulu : il résulte de la situation qui donnait la place centrale au langage de la bouche et du visage.

 

Jour après jour, l'enfant se prouve qu'il peut faire confiance à ses sens et à ses ressentis. Il constate que son corps le conduit tout seul vers tout ce qui lui est utile.

 

Il en découle une nouvelle inspiration pour l'attitude éducative dont les caractéristiques pourraient s'énoncer ainsi :

- réunir pour les repas un choix d'aliments nature,

- les mettre à la portée de l'enfant,  

- mettre celui qu'il a choisi sous une forme adéquate,

- garder le silence.

 

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Ci-après quelques réactions des réseaux sociaux et nos réponses :

 

- Matt : J’imagine que si on lui amène du fromage ou un pot de bébé chauffé au micro onde il y a de forte chance pour qu’il fasse une tête de refus pour faire comprendre que ça pue ! Ou bien son système sera trompé par le fait que ce soit cuit comme nous l’avons tous été...

- Bernard : Malheureusement non : si on lui présente du fromage ou un aliment préparé ou cuit, son instinct ne va pas le protéger. Peut-être au début, il va s'en détourner. Mais si on ne lui donne rien d'autre, il va finir par y goûter et il en deviendra plus ou moins dépendant. Pourquoi cela ? En fait, notre instinct s'est construit au fil du temps en présence des seuls aliments offerts par la nature. L'art culinaire n'existe que depuis le néolithique soit 10.000 ans dans sa généralisation quotidienne. Si on représente la vie des primates auxquels nous appartenons sur une échelle de 24 heures et que nous sommes à minuit pétantes, nous préparons et cuisons nos aliments depuis... 2 minutes et demie seulement. Avec l'alimentation naturelle, notre a priori c'est de dire que nous sommes plus adaptés génétiquement à ce que nous avons mangé jusqu'à 23h57 qu'à ce que nous mangeons depuis 2 minutes. Notre instinct n'a donc aucune raison car il n'a pas eu le temps et les moyens de se protéger contre les aliments modernes de l'homme. Mais avec un environnement sans aliments artificiels, on retrouve ipso facto le plein usage de nos sens, infiniment plus fiables que toute diététique.

 

- Samia : Comment faites vous avec les légumes ? Ils ne sont pas aussi odorants que les fruits.

- Bernard : s'ils ne sont pas si odorants c'est que nous les avons mangés cuits et que, de ce fait, notre corps en est gavé. On procède comme avec les fruits. On coupe de fines lamelles pour qu'il puisse les mastiquer plus aisément. Parfois, l'enfant fragmente la lamelle puis recrache une partie : ce n'est pas grave car son corps prend connaissance de l'aliment. Parfois quand on sent qu'il en a vraiment besoin, on peut lui prémâcher l'aliment et remplir une petite cuillère dont il avale goulûment le contenu. La salive adulte s'ajoute à sa propre salive sans nuire. Si un excès est introduit, il ressort aussitôt car l'enfant réagit avant tout à ses propres signaux vu qu'il n'est pas encore influencé comme nous l'avons tous été. Durant son séjour, il a mangé : pomme de terre, patate douce, radis rouge, ail, poivron rouge, fenouil, céleri branche, tomate...

- Samia : même ma maman mâchait les légumes pour nous étant bébé ! La pomme de terre proposée était-elle cuite ?

- Bernard : La pomme de terre crue est tellement bonne quand notre corps en a besoin, pourquoi envisager de la cuire ? Ici, l'enfant se construit sur la base de son rapport aux vrais aliments: ceux que la nature nous donne. C'est difficile de laisser de côté nos réflexes de penser et d'agir, mais nécessaire. Mais cet effort se transforme en joie quand on s'appuie sur l'intensité du plaisir et les effets bénéfiques d'une alimentation "re-naturalisée".

- Samia : Mon fils a 9 ans; et malgré son expérience avec le cuit dès son jeune âge, je lui proposais, il y a 6 ans, des fruits et légumes crus. Et à ma grande surprise, il a commencé à manger la pomme de terre crue ! C’est impressionnant de voir à quel point le transit alimentaire chez les enfants est rapide et se passe bien.

- Bernard : le plus difficile, quand on ne l'a pas expérimenté soi-même, c'est de faire confiance aux sens de son enfant. On craint toujours pour lui, surtout sa maman. Pourtant, ses sens sont les mieux placés pour lui indiquer ce qu'il doit manger. Lorsque vous l'aurez expérimenté vous-même, vous ferez une confiance totale à votre garçon. Votre seul "travail" de maman avisée sera de réunir chaque jour dans la maison un choix d'aliments nature aussi diversifié que possible et exempt de tout aliment non-naturel : apprendre à se taire devient alors l'apprentissage suivant le plus utile.

- Rose : il a de l'appétit ce petit.
- Samia : il sait ce qui est bon pour lui

- Bernard : "il sait", c'est ainsi que l'on rapporte ces images avec notre mauvaise habitude à tout vouloir assujettir à notre intellect. Mais en fait, ne devrait-on pas plutôt dire : son corps sait ce qui lui est utile ?

- Élisabeth : Je regrette que ma maman n'est pas fait ça avec moi.

- Bernard : il ne faut pas lui en vouloir, elle ne savait pas... Sachez aussi qu'il est possible à tout âge de revenir à l'alimentation qui devait être la nôtre depuis notre naissance. Si, comme notre recul nous le suggère, l'alimentation naturelle nous a permis de définir la nourriture de l'homme et la façon de la manger conformément à nos données génétiques, notre instinct fonctionne tout de suite sans aucune transition. Il suffit juste de se mettre en présence des seuls aliments nature.

- Élisabeth : J'adore énormément les fruits et quand je les mange je me sens bien. Je sais que l'instinct reste, il faut seulement le mettre au grand jour. Je suis contente que ces enfants puissent avoir des parents qui leur donnent de la bonne nourriture. Cela veut dire que nous allons pas sombrer dans l'industrie.

 

- Anne-Cécile : L'alimentation vivante pour un enfant n'est pas forcément simple à mettre en place, quand nos croyances limitantes nous rattrapent...

- Bernard : Effectivement, il faut l'audace de se "déprogrammer" juste un peu pour faire place à l'expérience de l'alimentation naturelle. Ensuite, cette dernière et les plaisirs intenses qu'elle nous procure nous donnent l'énergie et l'inspiration pour poursuivre. Au final, tout s'inverse et chaque chose trouve sa juste place dans l'harmonie de chacun d'entre nous. Les croyances, autrefois limitantes, s'effacent alors sans qu'on le remarque.

- Séverine : Pourquoi un tel silence. Est-ce que l'enfant ou le parent a des problèmes ? Sont-ils malentendants ? Ou est-ce pour que l'on se focalise uniquement sur ce que l'enfant mange ? J'ai toujours eu l'habitude de communiquer et de verbaliser avec mes enfants, ce manque d'interaction verbal me surprend. J'ai pratiqué la diversification menée par l'enfant (DME) avec mes trois enfants. C'est un peu le même principe, sauf qu'on met tous les aliments devant l'enfant et il choisit ce qu'il veut manger. Développer l'odorat est une bonne chose, mais on mange aussi avec le toucher, avec la vue, avec le goût. Tous les autres sens doivent être aussi mobilisés à mon avis.

- Bernard : le silence existe de la même manière pour les repas entre adultes. La parole n'est cependant pas interdite. Pour nous, le repas est un temps sacré mis au service de notre "temple", notre corps. Quand on le réussit, on vit sa journée d'une manière plus qualitative. L'écoute et l'obéissance à nos propres signaux instinctifs : intensité du plaisir, nature des attraits, manifestation des répulsions, etc. demandent une concentration que nous aurions dû apprendre dès notre naissance. Il n'est presque nul besoin de parler. Quand on se nourrit dans l'ignorance du rôle central de l'odorat et du goût, le besoin émerge d'exprimer des intentions, des conseils, des suggestions vu qu'on perd les indications sensorielles directes. Le toucher et la vue sont aussi sollicités mais ils sont de moindre importance que l'odorat et le goût.

 

- Dominique : j'ai été impressionnée par le silence et l'attention portée aux réactions de l'enfant; c'est vrai que j'aurai plutôt coupé des bouts d'un peu tout dans l'assiette et je l'aurai encouragé à goûter. Très intéressant et si différent.

- Bernard : Je comprends votre intention spontanée. Cependant, l'expérience de l'instinct montre que le mélange trompe les sens. En effet, deux aliments différents mélangés créent des molécules nouvelles sur le modèle A+B ===> C+D. C et D sont des molécules, peut-être proches de A et B mais qui n'existent pas dans la nature (une pastèque ne pousse pas à l'intérieur d'un melon, ni l'inverse). Du coup, avec C et D, le goût est trompé et il ne sait plus mesurer avec précision la quantité dont a besoin le corps. Ce dernier se surcharge et l'appel instinctif pour d'autres aliments baisse. Il s'en suit la perte de l'équilibre fragile dans lequel on doit demeurer pour réussir à satisfaire valablement les besoins réels du corps. C'est paradoxal pour l'esprit mais c'est ce que nous disent les faits.